Depuis Dar Rana, on ne voit que sa haute silhouette massive et noire, derrière laquelle pointe le triangle du Meltsène et ses 3595 mètres, lesquels paraissent d’ici plus élevés que le Toubkal trop lointain. Le Yagour cache derrière ses hautes falaises son vaste plateau légèrement incliné vers le sud, tout entier situé entre 2600 et 2800 mètres.

Les habitants des nombreux villages qui nichent dans les étroites vallées découpées dans la masse du grès du Yagour y montent leurs moutons du printemps à l’automne, et même quelques chevaux. Sur cette pâture collective, où la présence des bêtes est plus contrôlée que celle des hommes, ils trouvent une herbe courte, mais suffisante pour pâturer pendant les six mois de cette migration séculaire. Le chemin un peu long les oblige à passer les nuits dans des abris sommaires de pierre rouge, où ils viennent prendre successivement leur tour dont la durée répond au nombre de têtes qu’ils possèdent.

L’accès par le nord, au milieu de la falaise, est gratifiant, mais exigeant. Il se réserve à ceux dont le pas est confirmé et sont accompagnés par un berger du cru qui trouvera le chemin que seuls les chèvres connaissent. Sur le sentier du plateau, à mi-chemin, sourd une source d’eau gazeuse, dont on dit qu’elle ouvre terriblement l’appétit.

Les randonneurs y accèdent traditionnellement par des sentiers de mules, par la route de l’Ourika, un peu après Aghbalou. Par la vallée de l’oued Zat, on accède par une piste et des chemins jusqu’à l’Iferd Yagour, une petite étendue d’eau temporaire, toujours sèche en été.

Le plateau est parsemé d’un millier de gravures rupestres, ce qui en fait probablement le site le plus prolifique du pays.