Le plateau d’Afra (+2000 m)

À 2000 mètres d’altitude, sous le regard bienveillant du Tircht qui culmine à 3510 mètres, le petit plateau d’Afra est un alpage unique, traversé par des sources. Les habitants d’Afra viennent y pousser leurs bêtes : vaches, moutons, chèvres et chevaux. Une balade aérienne, dépaysante, facile et inoubliable.

Peut-être aurez-vous la chance de faire la courte traversée du plateau d’Afra quelques brèves semaines après les pluies de printemps : il se couvre alors d’une haute prairie de fleurs qui vaut à elle seule de venir voir ce trésor éphémère.

Le petit plateau d’Afra est niché sous le Tizi-n-Tichka, sous le regard bienveillant de l’Adrar Tircht, point culminant des environs avec ses 3510 m d’altitude. On l’aborde de préférence par le haut, pour rendre la randonnée plus agréable.

Le plateau d’Afra est dominé au sud par l’imposant Tircht, d’où la vue l’embrasse entièrement, comme ici, en plein été.

Un sentier part d’un café au bord de la route nationale n° 9 qui mène à Ouarzazate, quelques kilomètres avant d’arriver au Tizi-n-Tichka. Il descend rapidement en lacets jusqu’à un ruisseau de montage qu’il aborde par un chemin quelque peu dégradé, avant de remonter à flanc de montagne et de suivre, sans que l’on s’en aperçoive, l’ancienne piste minière, abandonnée dans les années 70, et qui a aujourd’hui complètement fondu et n’est plus qu’un étroit sentier muletier.

Le sentier descend d’abord en virages d’un point d’accès en contrebas du Tizi-n’Tichka, jusqu’à un ruisseau au fond de ravin. Il s’élève régulièrement ensuite à flanc de montagne jusqu’à l’entrée du plateau.

Les seuls vestiges apparents qu’il en reste sont une épaisse structure métallique fichée dans le rocher à un endroit où il fut nécessaire de bâtir un petit pont pour que les véhicules puissent passer ce point de falaise.

Le point d’arrivée de cette piste à flanc de montagne est constitué des restes du point d’ancrage d’un pylône de l’ancien téléphérique qui servit à transporter, de 1953 et jusqu’au milieu des années 70, le minerai de manganèse extrait des anciennes mines d’Imini et de Tiquine, au sud du Tichka.
C’est à partir de ce point que le plateau d’Afra commence en pente douce, un peu au-dessus de 2000 m d’altitude. C’est un plateau d’estive, où, dès le printemps jusqu’aux premiers froids et la neige d’hiver lorsqu’il y en a, les habitants d’Afra poussent leurs troupeaux de moutons, de vaches et de mules sur ces herbages dont ils ont les droits d’usage.

Au début du plateau se trouvent les vestiges d’un point d’ancrage du téléphérique qui transportait sur 29 km le minerai de manganèse de la mine d’Imini, derrière le Tizi-n-Tichka. On aperçoit une première source qui coule toujours au cœur de l’été. Le plateau d’Afra est visible dans son ensemble, en contrebas.

Les femmes du village font deux fois l’aller-retour jusqu’au plateau pour aller traire matin et soir leurs vaches. Une double marche quotidienne, pas des plus courtes, qui rythme leur vie depuis qu’elles sont en âge de faire la traite.

Les sources y abondent, la première étant très visible en face de l’infrastructure du téléphérique. Elles nourrissent une séguia qui permet d’irriguer les cultures en terrasse pour les villageois du village d’Afra, situé à trois kilomètres environ en contrebas, à 1840 m d’altitude.

Les premières terrasses irriguées avec ces eaux commencent vers la fin du plateau. On y cultive en autosuffisance des légumes (pommes de terre, navets, carottes), des fourrages pour les bêtes et les indispensables céréales pour le pain, sans oublier la paille.

Quelques rares arbres, de solides genévriers plusieurs fois centenaires, témoignent d’un temps ancien où le plateau et la montagne tout entière étaient couverts d’une forêt lentement dépecée pour le bois de construction, de chauffe et le charbon.

Le plateau d’Afra est un haut alpage, au-dessus de 2000 m, où les bêtes des habitants viennent paître depuis le printemps jusqu’à l’arrivée des premiers froids et des premières neiges, lorsqu’elles tombent. 

La randonnée, entre deux et trois heures selon le rythme, s’achève au village d’Afra, que dessert aujourd’hui une piste assez aérienne qui débouche juste au-dessous de Taddart Izdar, que l’on appelle volontiers Taddart n° 1 pour le différencier de Taddart Oufella juste au-dessus, le n° 2.

Les quelques habitants du village vivent d’agriculture, d’élevage, d’arboriculture. Leurs champs se situent pour la plus grande part sur le plateau d’Afra et leurs droits de pâturage remontent très haut vers la montagne, jusqu’aux flancs de l’Adrar Tircht. Mais ils descendent également jusqu’au village tout juste en aval, Tidsi.

Les habitants d’Afra utilisent les eaux des sources qu’ils canalisent dans une grosse séguia pour irriguer leurs champs.

En continuant à suivre le ruisseau qui coule à Afra, et après les douars de Tidsi, d’Assadesse et de Tiouririne, on débouche sur l’oued Zat, au niveau d’Azgour, après trois heures de marche.

Accès : le point de départ du sentier qui accède au plateau d’Afra par le haut se situe à 87 km de Dar Rana, 100 km de Marrakech, sur la route nationale n° 9 qui mène à Ouarzazate.

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