Le haut Zat, sauvage et reculé

Le haut Zat a découpé dans le granit une magnifique vallée étroite, encaissée, avec de hautes falaises de part et d’autre. Un chemin longe la rivière, quand il ne la traverse pas, bordé de hauts noyers qui forment par endroit un tunnel de verdure et de fraîcheur. Plus haut, des villages se sont accrochés aux parois. Encore préservés de la modernité, ils offrent une vue à couper le souffle sur la vallée.

La vallée du Zat est, avec celle de l’Ourika et du Nfis, une des trois qui se situent à proximité de Marrakech. L’Oued Zat est celui qui coule le plus à l’est. Il vient comme les deux autres alimenter l’oued Tensift, qui collecte toutes les eaux qui descendent des oueds de montagne pour les charrier jusqu’à l’Atlantique.

L’Oued Zat coule sur 89 km, et son bassin versant couvre 921 km2, essentiellement de montagnes qui lui fournissent de l’eau toute l’année. Son débit moyen oscille entre deux à cinq mètres cubes par seconde, mais son lit est le plus souvent à sec lorsqu’il sort d’imin-n’Zat, la bouche du Zat, un long corridor de 8 km avant Aït Ourir. Le grand barrage en cours de construction au début de ce corridor arrêtera définitivement l’écoulement de ses eaux en aval.

La vallée du Zat est un endroit encore paisible et reculé, assez peu fréquenté. Au-delà de Tighdouine, à mi-chemin de son cours, la route pénètre encore une vingtaine de kilomètres à l’intérieur de la montagne, plein sud. Vers la fin de la route, au niveau du hameau d’Imerguen (1530 m), le Zat dessine un coude très marqué, presque à angle droit, vers le sud-ouest.

Le Zat dessine un coude au niveau du hameau d’Imerguen et six villages se sont construits sur les flancs abrupts de la montagne qu’il a creusés. On distingue la nouvelle piste qui les dessert en partie et au fonds, Assaka Nbaha. 

C’est encore vingt kilomètres plus en amont que le Zat prend sa source, sortant vigoureusement de la roche en fond de vallée, à peine 500 m plus en altitude qu’au niveau de son coude. Sur tout ce parcours, le Zat a travaillé une roche dure, le plus souvent du granit, pour former d’impressionnantes falaises sur lesquelles se sont accrochés quelques villages perdus : Assaka Nbaha, Taliouine, Tinigoune, Timjite, Zaraoune et Taghzit, le dernier, encore à distance des sources.

L’Oued a tracé son cours dans une montagne de granit, créant d’impressionnantes parois au-dessus desquelles ont été établis des villages, nécessairement perchés. On distingue au fond le village de Taliouine.

Alors que l’eau coule en fond de ravin, ils se sont fixés au bord de sources qui descendent des hauteurs, à partir desquelles ils ont patiemment construit d’étroites terrasses, certaines très aériennes, en bord de falaise. De petits hameaux se sont patiemment développés auprès de ces terrasses, dans lesquelles les Aït Zat vivaient encore dans une relative autarcie jusqu’à ce que la route goudronnée qui débouche à Imerguen, puis une piste en lacets qui dessert les premiers villages par le haut, viennent ouvrir un monde isolé à la modernité.

Le ciment n’a cependant que tout récemment fait son apparition et les six villages qui égrènent le haut Zat ont encore gardé une relative pureté avec des maisons de terre et de pierre, selon l’endroit, qui fait de leur traversée un moment de beauté.

Cependant, pour rejoindre leurs villages, les villageois ont gardé l’habitude de suivre l’oued, qu’un long entier muletier longe à sec. Mais lorsque les pluies ou la fonte des neiges gonflent l’oued, certains passages en aval vers Imerguen nécessitent de marcher dans l’eau, comme les mules.

Le chemin qui suit l’oued est bordé de noyers qui rendent la marche très agréable.
Les rencontres sont rares sur ce chemin, pourtant emprunté par les villageois pour rejoindre Imerguen, la route goudronnée et rompre l’isolement.
Zaraoune est le seul village en rive droite du Haut Zat, le relief sur lequel il s’est établi semble moins abrupt que sur l’autre rive.
À mi-cours du Zat, un chemin prend de la hauteur pour rejoindre Taghzit, le dernier village avant les sources. 

Si les villageois ont oublié le nombre de siècles qui les séparent des premiers habitants, les vieux noyers en ont gardé le témoignage. Ceux de Taghzit peuvent revendiquer quelques siècles sur les parcelles les plus anciennes et quelques spécimens près des sources pourraient assurément en compter cinq.

Derrière Taghzit (1 980 m), le dernier village perché, un couloir oblique depuis l’oued Zat remonte vigoureusement jusqu’à un premier col (2 823 m) vers la vallée de l’Ourika par Tourcht, juste sous le Meltsène, le seigneur des lieux avec ses 3 560 mètres. En continuant plus loin sur l’oued Zat, on retrouve la piste du Tizi-n-tilst, qui permet d’accéder également vers la vallée de l’Ourika, en passant par l’Azib Agouns.

Taghzit est un village qui compte à peine 100 foyers, répartis en deux sites de part et d’autre de la source et son ruisseau.
Le village est de pierre, nécessairement dans son isolement, même si le ciment qui remonte à dos de mule a commencé à faire son apparition. Des pierres grises et dures, extraites de la puissante montagne de granit.
La deuxième partie du village, moins importante, se situe plus à l’est, de l’autre côté de la source et sa véritable forêt de noyers.
L’agriculture y est encore vivace et les terrasses bien entretenues. On y cultive dès que le froid s’en va, des courges, du maïs, des céréales, et également des iris dont les rhizomes, pelés et lavés, sont vendus pour la parfumerie. 
De la montagne dévalent plusieurs sources assez puissantes qui ont présidé à l’établissement du village. Une grande noyeraie y a été plantée et entretenue, où les jeunes spécimens côtoient de vénérables sujets plusieurs fois centenaires, au diamètre entre trois et quatre mètres.
Depuis les hauteurs de Taghzit, on distingue le parcours de l’Oued Zat jusqu’à ses sources, et la superbe barre rocheuse du Taska-n’Zat, ses nombreux sommets dont le plus haut frôle les 4 000 mètres, avec 3 912 mètres.

Accès : le point de départ du sentier qui accède au plateau d’Afra par le haut se situe à 87 km de Dar Rana, 100 km de Marrakech, sur la route nationale n° 9 qui mène à Ouarzazate.

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