Du côté oriental du Yagour qui descend vers le Zat, une grappe de villages s’est établie sur un large plateau de moyenne altitude, propice à la culture. Des villages serrés où subsistent de nombreuses vieilles maisons de pierre, des frênes cultivés en bord de ruisseau et plusieurs fois centenaires, témoignent d’une antique tradition que la modernité a encore à peine bousculée.
Lorsque l’on traverse l’Oued Zat depuis Tighdouine pour aller vers les sources de Sidi El Ouafi, on emprunte une route relativement récente qui, dix kilomètres plus loin, débouche sur le plateau des Aït Inzal. C’est un haut plateau assez densément peuplé, avec de nombreux villages qui se sont bâtis pour tirer avantage d’un relief propice à l’agriculture et de ressources en eau abondantes à cette altitude.
Grâce au réseau d’irrigation qu’ils ont bâti à travers les siècles, les Aït Inzal cultivent des céréales et quelques légumes pour leur autoconsommation. On y trouve assez peu d’arboriculture et de noyers, sinon quelques arbres récemment plantés. En revanche, le long des ruisseaux et des canaux qui descendent du plateau se trouve une abondance d’arbres, pour la plupart des frênes à feuilles étroites (Fraxinus angustifolia – Asseln en berbère), un arbre qui a l’avantage d’être très résistant au froid et de produire à la fois un bois très dur pour la construction, et du fourrage de qualité pour les animaux en automne.
Les frênes à feuilles étroites fournissent à l’automne un feuillage de qualité. Cet ébranchage, s’il défigure les arbres, ne les affaiblit pas. Ils sont exploités ainsi dans toutes les montagnes du Maroc où on les trouve en abondance le long des cours d’eau.
Les frênes à feuilles étroites, dont le bois est très dur, pourvoyaient avant l’arrivée du ciment les habitants en poutres pour leurs toits.
Les vieux sujets que l’on trouve dans le ruisseau qui descend du village d’Aït Aacha portent encore les stigmates de coupes de grosses branches et des perches qui ont servi à faire les poutres des plafonds. L’ensemble des frênes sont largement ébranchés pour nourrir les animaux.
La coupe des grosses branches a cessé depuis l’arrivée du ciment qui permet de réaliser des poutres de longue portée, ce que leur interdisaient les ressources en arbres qu’ils avaient.
Un bienfait pour les habitations, mais beaucoup moins pour la préservation de cette architecture en pierre rouge remarquable, dont les habitants ne veulent plus en dépit de leur beauté remarquable. Le ciment a fait son irruption dans les villages, grignotant petit à petit l’habitat traditionnel et faisant perdre irrémédiablement à ces villages leur inimitable cachet. Mais pour ces habitants, rien n’est plus fort que l’ardent désir de s’approprier la modernité que leur isolement maintenait à distance.
Le village d’Aït Aacha domine les champs très verts à l’automne, grâce à l’irrigation par l’eau des sources que des canaux conduisent.
Une partie des villages du plateau des Aït Inzal disposent de droits de pâturage sur le plateau du Yagour, en particulier ceux qui se situent directement dessous. Chaque village possède son Azib. Le village d’Ihraï possède par exemple le bel azib Zguigui situé sur le cône de déjection du Meltsène qui domine le plateau du Yagour.
Le village d’Aït Aacha a été entièrement construit en pierre, avant que le ciment n’apparaisse récemment. On trouve des constructions sur deux, voire trois niveaux, et un magnifique passage sous une maison.
Accès : la route nationale 9, puis la P2016 mènent directement à Anssa. Difficile de se tromper : c’est la fin de la route, sans aucun embranchement où l’on risque de se tromper. 100 km de Marrakech, 2 h 30 de route.
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