En allant jusqu’au bout de la route qui s’enfonce dans la vallée du Zat, on découvre, au pied d’imposantes montagnes, cet authentique petit village hier encore isolé, ses maisons de terre et de pierre, ses étroites terrasses perchées et irriguées par une source captée en altitude et deux noyers d’un demi-millénaire qui recouvrent la place du village de leur ombre bienveillante.
Qui donc pouvait connaître Anssa, si ce n’est ses habitants, avant qu’une route goudronnée ne soit ouverte pour desservir la haute vallée du Zat et ne fasse apparaitre son nom sur la carte et quelques panneaux routiers indicateurs ?
Aujourd’hui, on y accède par une route sinueuse, mais goudronnée et sûre. Encore faut-il parcourir les 100 km depuis Marrakech, dont plus de la moitié dans la montagne, soit presque 2 h 30 de trajet. La circulation reste encore très confidentielle au-delà de Tighdouine, et la route s’achève quoiqu’il en soit à Anssa, un cul-de-sac. Et au-delà des dernières hautes montagnes qui barrent l’horizon au sud d’Anssa, c’est un autre monde qui s’ouvre, celui des hauts plateaux de l’Anti-Atlas.
Anssa et son village jumeau Anamer (autour de 1700 m) sont bâtis à l’intersection de l’Oued Anssa, un court affluent à sec du Zat qui coule quelque 300 m plus bas, et un autre en pente raide, les deux descendant de l’abrupt Oulsoune (3060 m), voisin immédiat de l’imposant Bou Oughioul (3510 m).
Anssa et Anamer (derrière l’arbre) sont construits au confluent de deux oueds toujours à sec. Ils coulent lors des pluies vers l’oued Zat, dont on aperçoit le coude en arrière-plan. Anamer est le plus élevé des deux villages. Cette position en retrait, à flanc de montagne, l’a davantage préservé du ciment qu’Anssa, où aboutit la route.
Ces deux villages ne se sont pas construits au bord de deux oueds à sec sans raison. En fait, leurs cultures sont alimentées par une source assez puissante qui sourd 500 ou 600 m plus haut sur les flancs de l’Oulsoune. Les eaux sont collectées dans un grand bassin qui domine les deux villages (1894 m) et dont le réseau d’irrigation distribue deux réseaux d’étroites terrasses construites sur un versant assez raide. Ils y cultivent noyers, amandiers, pommiers, et même une variété de pêche locale, blanche, aujourd’hui rare.
La source qui alimente les deux villages et leurs terrasses se situe beaucoup plus haut sur les flancs de l’Oulsoune. Les eaux sont captées et descendent le long d’une longue séguia qui irrigue en passant quelques jeunes noyers solitaires. Elles sont stockées dans un bassin avant de reprendre leur descente vers les terrasses.
Les plus anciennes terrasses, aux abords du village, sont plantées de noyers dont deux spécimens extraordinaires, dépassant probablement les cinq siècles et les huit mètres de circonférence à la base, se situent juste au-dessus du petit terrain plat qui fait office de place principale du village.

Les terrasses les plus hautes sont de construction plus récente, une extension des plus anciennes qui suffisaient jadis aux deux villages.
Deux vieux noyers.
Deux vénérables noyers, qui surplombent la place du village où s’organisent les rassemblements et les festivités, ont traversé les siècles, probablement cinq ou plus, au vu de la circonférence des troncs à la base et du port tourmenté des branches charpentières. Elles ont résisté à la tronçonneuse des bucherons qui ont pillé les noyeraies depuis presque un demi-siècle.
Les villages d’Anssa et Anamer sont encore isolés et peu fréquentés.
Accès : la route nationale 9, puis la P2016 mènent directement à Anssa. Difficile de se tromper : c’est la fin de la route, sans aucun embranchement où l’on risque de se tromper. 100 km de Marrakech, 2 h 30 de route.
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