L’Arbaa de Tighdouine, au cœur de la vallée du Zat

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Tighdouine a beau être devenu le chef-lieu de la localité et tenir un marché du mercredi (laarba) qui attire les habitants de tous les villages des montagnes environnantes, elle reste un petit bourg, presque artificiel, sans autre activité que d’être le carrefour de toutes les routes qui descendent vers le moyen Zat, cet oued magnifique qui court sur 90 kilomètres avant de se fondre dans le Tensift, dont il est un affluent vigoureux.

Le souk du mercredi à Tighdouine

Tighdouine

Tighdouine, vue du pont, est un bourg moderne ou les murs de ciment ont fait place à la terre et la pierre. C’est le chef-lieu de la région et un marché s’y tient le mercredi.

L’ensemble administratif dont Tighdouine est le chef-lieu, et qui comprend les versants de l’Oued Zat ne dépasse guère les 22 000 habitants (2024). Le village en temps normal doit à peine abriter un millier d’entre eux. Il se gonfle au gré des migrations quotidiennes, matin et soir, et pour le souk du mercredi.

Mais même les dimanches et jours de fête, Tighdouine ne fait que voir passer les automobilistes qui vont manger un tajine à la source toute proche de Sidi El Ouafi, autour de laquelle s’est greffée de façon spontanée et anarchique une myriade de gargotes et de petits commerces de souvenirs qui vivent d’un tourisme essentiellement local.

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Le pont sur l’Oued Zat, vu de Tighdouine, avec en arrière-plan à gauche, l’important village de Talatast, connu pour ses poteries.

La région du Zat autour de Tighdouine vit d’agriculture, avec quelques spécialités comme l’ail et la verveine. Juste en face de Tighdouine, de l’autre côté de l’oued, se dresse le village de Talatast connu pour ses poteries. Un gros village fiché sur sa falaise depuis des siècles et que Tighdouine, jadis petit hameau, a détrôné au bénéfice de la route construite sur sa rive.

A voir : Une route de fonds de vallée magnifique. Un souk traditionnel et authentique. A voir : Une route de fonds de vallée magnifique. Un souk traditionnel et authentique. 

Accès : Tighdouine se situe à 47 km de Dar Rana, 60 km de Marrakech, 26 km d’Aït Ourir. L’embranchement depuis la RN9 qui monte à Ouarzazate est clairement indiqué. Il suffit ensuite de suivre la route P2016.

La source de Sidi El Ouafi

Autour des sources se sont greffés de façon informelle et anarchique des petits commerces et des gargotes.

Elle coule évidemment depuis des temps géologiques, et les Berbères la fréquentent depuis toujours, mais la chronologie officielle dit qu’elle a été découverte dans les années quatre-vingt-dix.

Peut-être veut-on dire ainsi que ses eaux ont été analysées à cette date et ses vertus découvertes, ou plutôt scientifiquement expliquées. Car les Berbères du Zat connaissent les vertus digestives de cette eau très légèrement gazeuse. « Si tu bois de l’eau de la source pendant ton repas, tu auras faim rapidement », s’amusent-ils à dire. C’est d’ailleurs le cas d’une autre source de l’autre côté du massif du Yagour, également légèrement pétillante.

Les Marrakchis viennent en famille y manger des tajines ou des grillades à la belle saison, pendant que les enfants jouent ou se baignent dans quelques piscines sommaires qui se remplissent avec l’eau des sources.

Car l’eau de source de Sidi El Ouafi est une eau typique des régions calcaires, comme l’est le Haut Atlas à cet endroit, au pied du Yagour. C’est une eau calcique bicarbonatée, modérément minéralisée, légèrement gazeuse et conforme aux normes de potabilité. Elle est particulièrement adaptée à la digestion et au bon fonctionnement musculaire et osseux grâce à sa richesse en calcium et magnésium. 

Les gens viennent y boire et remplir librement bouteilles et bidons en plastique dans un endroit où elle a été aménagée. Elle semble localisée de ce fait dans ce petit recoin bâti, recouvert de céramique colorée, qui propose un robinet d’où sort à jet continu l’eau de la source, avec à sa droite sa composition minérale officielle.

Mais le site est perclus de sources et à de multiples points tout proches, à peine une ou quelques dizaines de mètres, la même eau jaillit généreusement. Le récit local dit qu’il en coule sept, qu’on peine aujourd’hui à localiser.

L’incontournable tajine se décline ici dans ses versions classiques : le plus souvent des pommes de terre, une version avec oignons et raisins secs, et parfois avec des légumes de saison, comme ici des petits pois.

Le site est aujourd’hui connu des Marrakchis qui, à la belle saison, viennent en masse le dimanche ou pendant les congés scolaires manger un tajine, le plus souvent de chèvre, ou des grillades dans un des très nombreux restaurants sommaires qui ont essaimé spontanément. Ces jours d’affluence où l’unique chemin principal est très fréquenté et le site plein du cri des enfants alternent avec d’autres, notamment en semaine, où seuls quelques rares restaurants sont ouverts pour les clients qui y viennent à rebours des habitudes.

A voir : Les sources qui coulent du versant, les vieux arbres qu’elle a irrigué. Un village spontané avec ses échoppes et ses restaurants. Des tajines du cru. 

Accès : depuis Tighdouine, on accède à la source de Sidi El Ouafi en traversant le pont sur l’Oued Zat. Très rapidement apparaît un premier parking qui surplombe le site, qu’on peut encore approcher en voiture ou descendre à pied.